Audiodescriptions
R comme Regarder

Photo Elysée souhaite valoriser le trésor de la collections en proposant un parcours en audiodescription autour de certaines œuvres.

À destination de tous les publics et accessibles aux personnes avec déficience visuelle, sept QR codes proposant des descriptions orales sont installés dans l’exposition R comme Regarder.

1. "The First Picture Book -Everyday Things for Babies"

Cette photographie en noir et blanc en format portrait est tirée sur un papier de 35 sur 28 centimètres.

Une scène de petit-déjeuner y est présentée sous la forme d’une nature morte épurée et contrastée. Une assiette blanche et une tasse en métal argenté sont disposées sur une nappe claire. La nappe est brodée de trois lignes qui découpent verticalement l’image de haut en bas dans sa moitié gauche. L’assiette est posée en bas de l’image, sur les lignes. Au-dessus, à droite des lignes, l’anse de la tasse est tournée vers la droite.

Au centre de l’assiette, deux tartines beurrées découpées dans la même tranche de pain noir toasté se détachent du blanc de la porcelaine.

La tasse est remplie d’un liquide blanc laiteux. Deux petites bulles d’air à la surface du liquide indiquent que la tasse a été remplie peu de temps avant la prise de vue. La tasse porte les marques de l’usure. Le temps a terni en partie le métal de son corps tandis que son anse brille davantage.

La photographie cadre les objets avec autant de minutie qu’ils ont été disposés sur la nappe. La scène, photographiée de haut, offre un point de vue en légère plongée sur le petit-déjeuner. Une lumière intense englobe le tout en ne laissant que de discrètes ombres à la base de l’assiette et de la tasse.

La mise en scène simple des éléments, l’équilibre des formes, des proportions et de la disposition des objets dans l’image les donnent à voir dans leur réalité crue.

C’est probablement la force suggestive du style du photographe Edward Steichen qui a donné à sa fille, Mary Steichen Calderone, l’envie de l’utiliser pour son livre publié en 1930. Cet ouvrage, qui rassemble 24 clichés de son père, est resté célèbre pour être l’un des premiers imagiers proposant des images photographiques aux tout petits. Mary Steichen Calderone vante les mérites d’une photographie la plus claire et objective possible comme le meilleur substitut au monde réel, convaincue de l’importance de l’expérience visuelle directe du monde pour le développement du savoir des jeunes enfants.

Chaque page de droite du livre présente une photographie sans texte qui décline différentes facettes du monde enfantin des familles aisées de l’époque. Ourson en peluche, nécessaire à coiffure, petit train en bois suivent cette nature morte de petit-déjeuner qui amorce la lecture visuelle du livre. Un second imagier des mêmes auteurs, constitué d’autant d’images photographiques, met des objets semblables en scène montrant cette fois des enfants interagir avec eux.

1.1. "Verspielt – Fotografien für Kinder"

Cette photographie en couleurs en format portrait est ici rétro éclairée dans un caisson lumineux de 62 centimètres sur 50, fixé au mur.

Une nature morte d’un petit-déjeuner est composée d’un sandwich garni en forme de visage de monstre qui tire la langue et d’un mug orné d’un dinosaure. L’ensemble se détache d’un fond blanc uniforme. Une lumière crue baigne ces éléments en accentuant leurs couleurs vives et chacun de leurs détails.

La composition reprend la construction de l’image d’Edward Steichen. L’assiette est placée en bas à gauche de l’image et le mug en haut à droite, son anse vers la droite, légèrement tourné vers l’objectif.

De nombreuses bulles perlent à la surface brune du lait chocolaté contenu dans le mug. Le dessin sur le mug représente de manière fantaisiste un dinosaure à écailles. Le rose fuchsia de sa peau parsemée de tâches plus sombres contraste avec le bleu électrique de ses écailles dressées le long de sa colonne vertébrale. Debout sur ses imposantes pattes arrière, sa tête de profil, disproportionnellement petite par rapport à son corps, aJiche un air ahuri. Il nous regarde du coin de l’œil.

Le sandwich en forme ovale est posé horizontalement sur l’assiette dont il déborde presque. Trois tranches de charcuterie dépassent du petit pain et forment une bouche : deux tranches de saucisse à l’ail pour les lèvres et une tranche de salami pour la langue que le sandwich tire en notre direction. Six touches de mayonnaise ou de morceaux de mozzarella figurent les dents. Sur la partie supérieure du sandwich, deux yeux globuleux sont faits de boules blanches en oeuf dur et de deux olives noires pour les pupilles. Des vermicelles de chocolats parsèment le sommet des globes oculaires à la manière de cils. Le sandwich-monstre nous regarde d’un air espiègle.

En légère plongée, le cadrage de l’image aJleure avec précisions les contours des objets dans une construction méticuleuse. Des reflets lumineux dans les yeux-olives trahissent les projecteurs que le photographe a utilisés pour cette prise de vue en studio.

Cette image présentée sous la forme d’une boîte lumineuse, entame également la série de 27 photos présentes dans le livre Verspielt – Fotografien für Kinder publié par le photographe allemand Reinhardt Matz en 2000.

Reinhardt Matz adapte le célèbre album de Mary Steichen Calderone et Edward Steichen à la société des années 2000. Matz choisit les mêmes sujets et les met en scène de manière quasiidentique, à l’aide de techniques photographiques contemporaines. Le photographe réinterprète avec malice les photographies de Steichen en y intégrant l’évolution des objets, des pratiques et des matériaux. En substituant les lego aux cubes de bois peint ou encore le plastique de jouets de piètre qualité, au bois et au métal des objets des jeunes enfants aisés des années 30, Reinhardt Matz donne à voir des objets qui s’adressent à un public plus large.

2. Black is Beautiful

La double page du livre illustré d’Ann McGovern est en format horizontal de 24 sur 20 centimètres. Le livre s’ouvre sur une photographie en noir et blanc de Hope Wurmfeld. Cette photo occupe l’entièreté de la page de gauche à bords perdus et un tiers de la page droite.

Sur la photographie, une vingtaine d’enfants âgés d’environ 7 à 10 ans jouent dans une cour de récréation. La scène est photographiée en plongée, probablement depuis la fenêtre d’un bâtiment qui borde la cour.

La quasi-entièreté de l’image est occupée par le sol de la cour recouvert de bitume. Des marques de terrains de jeux, des chiJres et un damier, peintes à la peinture blanche sont presque eJacées. Au milieu de la cour, une longue fissure dans le bitume traverse l’image de bas en haut. Parallèlement au bord droit de la photo, une grille fine sépare la cour de récréation d’un autre espace extérieur dont le sol – en bitume aussi - est découpé de carrés de terre. Des manteaux pendent négligemment au sommet des barreaux de la grille.

La lumière éclatante du jour projette de grandes ombres portées qui s’étirent vers la gauche sur le sol de la cour. La grille et les enfants sont donc dédoublés par une ombre d’une grandeur disproportionnée.

Les enfants, trop affairés à jouer, ne prêtent pas attention à la photographe. Certains sont réunis en groupes, d’autres jouent ou se tiennent plus isolés, dispersés dans la cour. Absorbés dans leurs jeux, certains sont en mouvement et courent. D’autres sont plus statiques. Une enfant tient un ballon, une autre s’est accroupie pour dessiner quelque chose à la craie sur le sol ou ramasse un objet. Dans la partie supérieure de la photo, deux enfants tiennent respectivement une fine corde à sauter et une ficelle à ballon, dont les extrémités sortent toutes deux du cadre. Tous portent des vêtements de mi-saison : des jupes ou robes sur de hautes chaussettes et des lainages fins.

Sur la page de droite, dans la partie inférieure de l’espace libre, deux lignes de textes en caractère typographiques sont inscrites. Elles indiquent : Sunlight and shade – look back ; / The color of everyone’s shadow is black – en français : lumière du soleil et ombre – regarde derrière toi ; / la couleur de l’ombre de chacun est noire.

Cette double page est la dernière du livre BLACK IS BEAUTIFUL (le noir c’est beau) publié en 1969 par l’autrice américaine Ann McGovern avec les photos de Hope Wurmfeld. Le livre d’une vingtaine de doubles pages mêlent les photographies – des gros plans sur des objets, des animaux des végétaux et des paysages naturels ou de la vie quotidienne - aux poèmes écrits par Ann McGovern pour célébrer la beauté du noir dans tout ce qui nous entoure. L’autrice de littérature jeunesse militait alors pour une plus équitable représentation de la diversité de la population américaine dans les années 60. Dans un contexte de lutte pour les droits civiques des personnes noires victimes d’un racisme d’État criant, la séquence de photos du livre et les mots d’Ann McGovern invitent à un changement de regard.

3. Manuel – ein Bilderbuch

Cette photographie en noir et blanc de 27 sur 37 cm est en format paysage.

À l’avant plan, un homme d’une trentaine d’années et un jeune garçon d’environ 5 ans sont assis l’un en face de l’autre à la proue d’une barque en bois sombre. La proue est dirigée vers l’objectif. Un corbeau est posé sur la main gauche de l’homme.

La barque est accostée sur les berges d’un lac. Quelques herbes et des roseaux séchés émergent de l’eau en bas de l’image et frôlent le bas de la barque peint en blanc. L’eau claire et peu profonde laisse apercevoir quelques galets.

Derrière la barque , une lumière franche se reflète sur les eaux calmes. Au loin se distinguent les voiles blanches de deux petits bateaux. Derrière, à l’horizon, une fine bande d’un paysage vallonné sépare la surface des eaux du ciel uniformément clair.

À gauche de la proue, l’homme est torse-nu et revêt un jean blanc à ceinture noire. Il est assis sur une planche en bois qui fait oJice de banc. Ses cheveux lisses et sombres sont coupés courts. Il porte une paire de lunettes de vue rondes à fine monture. Le soleil éclaire la peau bronzée de sa nuque et de ses larges épaules. Son bras droit est replié sur son torse pour toucher du bout des doigts le bec de l’animal. Le visage de l’homme, penché vers le corbeau, aJiche une expression concentrée.

En face de lui, à droite de la proue, le petit garçon est entièrement nu. Sa peau est plus claire que celle de l’homme. Un épi dépasse de ses cheveux courts châtain. Il est assis sur le bord de la coque. Sa jambe gauche repliée devant son torse prend appui sur la planche, son autre jambe sur le plancher de la barque. Sa main gauche agrippée au bord de bateau stabilise sa posture. Son visage est à hauteur de l’oiseau à quelques centimètres devant lui. Son regard porte vers le fond de la barque.

Cette photographie fait partie d’une série réalisée par le photographe allemand Stefan Moses avec son fils Manuel. Trois photographies de la même scène sont dans le livre de Stefan Moses Manuel – ein Bilderbuch (Manuel – Un livre d’images) paru en 1967. L’album montre avec tendresse, à la manière d’un journal, une année dans la vie de Manuel au gré de ses jeux et découvertes. Dans la séquence dont est issue cette photo, Manuel trouve un jeune corbeau sous un buisson au cours d’un séjour estival sur les rives d’un lac de Bavière. L’homme de la photo et l’enfant décident ensemble de lui apprendre à parler.

Avec des scènes empreintes d’optimisme montrant Manuel interagir avec plusieurs proches de son entourage loin des rapports conventionnels entre adultes et enfants, l’album a marqué durablement la représentation photographique de la famille dans le contexte de libéralisation de la société allemande des années 60.

4. Amadou Alpiniste

Cette photographie en noir et blanc de 11 sur 18 cm est en format portrait.

À droite de l’image, au premier plan, une femme de 35 ans environ nous fait face. Le bas de son corps prend appui sur un rocher derrière elle. Elle est aJairée à régler l’appareil photo qu’elle tient dans ses mains au niveau de son thorax. Derrière elle, en hauteur, une poupée de chiJon de la taille d’une poupée d’enfant escalade la paroi d’un piton rocheux à l’aide d’une corde tendue qu’elle tient entre ses mains. Le piton rocheux auquel est suspendue la poupée suit tout le bord droit de l’image de bas en haut.

À l’arrière-plan se dresse un imposant massif montagneux. Au sommet du massif, des falaises rocheuses abruptes se dressent vers le ciel. A leurs pieds, des pierriers enneigés se mêlent à des prairies verdoyantes ponctuées de sapins plus sombre rassemblés çà et là en petits bois. Le ciel est voilé.

Entièrement absorbée par son appareil photo, la femme penche son visage et ses épaules vers le boîtier qu’elle tient délicatement entre les mains. Elle aJiche une expression douce et détendue. Un sourire se dessine sur ses lèvres. Elle semble se savoir photographiée. Ses cheveux ondulés et bruns, coupés en carré, tombent de part et d’autre de son visage en quelques mèches décollées par le vent. Elle porte un pull sombre et une longue jupe plissée plus claire, décorée de lignes horizontales à sa base.

L’appareil photo est un Rolleiflex, une modèle allemand emblématique des années 1950. Il se compose d’un boîtier rectangulaire sombre de la taille d’un gros livre, orné de bordures chromées. Sa face avant est percée deux objectifs, superposés verticalement l’un sur l’autre, tels de gros yeux globuleux. Au-dessus du boîtier s’ouvre une visée qui renferme un verre dépoli dans lequel la femme plonge son regard. Une housse de protection en cuir pend par-dessous l’objectif, jusqu’à la jupe de la femme.

La poupée de chiJon est fixée perpendiculairement à mi-hauteur de la paroi rocheuse dans une posture héroïque. Une jambe devant l’autre, toutes deux tendues en résistance à la paroi, l’ensemble de son corps est dans le vide. Ses cheveux sont ébouriJés en un panache impressionnant. Elle porte un pantalon bouJant sombre, une chemise plus claire et de grosses chaussures de montagne. Sa silhouette se détache du vaste paysage alpin derrière elle. Son visage n’est pas visible. Sa main gauche tient une corde dédoublée fixée au sommet de la roche. La corde passe derrière son dos et tombe dans le vide derrière la femme à l’appareil photo.

L’écrivain Alexis Peiry a profité que sa partenaire, la photographe Suzi Pilet, eJectue un réglage sur son appareil pour capturer cet instant révélant les coulisses de leurs mises en scènes de la poupée dans les montagnes suisses.

L’iconique série d’albums jeunesse Les Histoires d’Amadou est née de la riche collaboration entre Suzi Pilet et Alexis Peiry. Ensemble, ils ont créé ce personnage et avec lui divers accessoires miniatures. Les astucieuses retouches de leurs photographies ont permis de donner vie à cette poupée.

L’album Amadou Alpiniste relate les aventures du personnage parti à l’assaut d’un pic rocheux pour rendre un dernier hommage à un ami cher, perdu lors d’une ascension interrompue par un orage. La photographie choisie pour la couverture de l’album paru en 1951 aux Éditions du CerfVolant à Lausanne est une photographie en couleurs d’Amadou à l’assaut de ce même piton rocheux, probablement prise par Suzi Pilet quelques temps avant ou après cette image.

5. Le Caniche Volant

Une double page de 44 centimètres sur 28 présente deux photographies en noir et blanc, en regard l’une de l’autre. La photo de droite occupe l’intégralité de la page à bords perdus, tandis que sur la page de gauche, la photo est cadrée aux deux tiers gauches afin de laisser une bande blanche près du pli, pour quelques lignes de texte.

Les deux photos saisissent chacune le saut d’un même petit caniche au travers d’un salon assez cossu. Trois autres chiens de la même race suivent du regard le chien en train de bondir audessus de leurs têtes.

Sur la bande blanche de la page de gauche figure le texte "Il donna des représentations à sa tante Leïla, à son frère aîné Charmer et à sa soeur Sarah, caniches d’exposition".

Les trois caniches spectateurs présentent en eJet une apparence travaillée, digne de celles de chiens de concours. Les deux femelles, la tante Leïla et la soeur Sarah, arborent d’imposantes et longues crinières sur leur thorax, des pompons de fourrures sculptés aux extrémités de leurs pattes et des poils relevés au sommet de leurs cranes par un noeud de satin qui leur confèrent une noble allure. Le troisième spectateur, Charmer, ressemble davantage à son frère volant. Le milieu de son abdomen est tondu à ras. Il a une houppette au sommet du crâne et des poils frisés sombres un peu plus longs sur ses pattes.

Une épaisse moquette recouvre le sol. Derrière eux, le mur est décoré d’un papier peint et d’une frise moulurée arrivant à mi-hauteur. Deux peintures encadrées y sont accrochées. Un cadre représentant un bateau. Un autre, plus petit, montre une scène de rue devant l’entrée d’un parc en forme d’arche.

Sur la photo de gauche, les trois caniches-spectateurs soigneusement toilettés, se tiennent les uns contre les autres, assis en rang sur la moquette moelleuse du salon. Le frère Charmer à droite est quasiment en dehors du cadre de la photo. Leïla et Sarah se tiennent à sa gauche, museaux en l’air. Le jeu de mise en page donne l’impression qu’elles regardent sauter le caniche de la page d’en face.

Au-dessus des trois spectateurs, le caniche volant est saisi dans son vol de la gauche vers la droite. Tout son corps est tendu par l’eJort. Ses pattes avant sont repliées, ses pattes arrière tendues hors du cadre.

La photo sur la page de droite montre une scène semblable d’un autre bond du caniche volant dans le même intérieur. La photographie diJère de celle de la page précédente par son point de vue. Le groupe des trois caniches-spectateurs est installé cette fois dans un large fauteuil aux accoudoirs rectangulaires. Charmer se tient à gauche. La photographie est centrée sur la peinture de scène de rue.

Une des deux femelles suit des yeux le bon du caniche volant alors que les deux autres pointent leurs museaux dans des directions opposées. Le caniche volant au centre de l’image bondit de droite à gauche dans une posture encore plus dynamique. Ses longues oreilles volent dans son élan.

L’ordre d’accrochage des cadres au mur du salon, les détails des peintures et la position de Charmer, tantôt à droite tantôt à gauche de l’image, indiquent que l’une des photos de cette double page a été imprimée en miroir de l’autre, donnant l’impression que le caniche volant saute dans deux directions opposées.

Ce renversement a dû être choisi par le photographe Wolfgang Suschitzky et l’auteur des textes Roland Collins, pour renforcer le rythme et la théâtralité des deux bonds du caniche volant sur cette double page. Dans leur livre Le caniche volant paru en 1951, les auteurs ont fait le choix de laisser une grande place aux images plutôt qu’au texte, afin de favoriser l’expérience des jeunes lecteurs. Les prises de vues réalisées pour l’ouvrage relèvent de prouesses photographiques et d’ingéniosité de retouches.

L’album raconte l’histoire du jeune caniche Mandy qui s’entraîne à sauter dans l’espoir de retrouver sur les toits son amie, la petite chatte Christina, avec qui il s’est noué d’amitié dans sa tendre enfance.

6. Purée Paysage

Cette photographique en format portait de 18 sur 21 centimètres est en couleur.

Un volcan sculpté avec diJérentes purées de légumes s’élève dans une assiette vert kaki. Le monticule crache de la fumée et une lave qui dévale ses flancs.

Le tout est photographié de manière frontale dans un studio. L’assiette est posée sur une surface beige. L’arrière-plan de l’image est un fond anthracite faisant ressortir les couleurs vives de la mise en scène. Une intense lumière artificielle provient de la droite de l’image, hors du cadre. Elle fait luire toutes les aspérités du volcan et projette son ombre en bas à gauche de l’image.

Le corps du volcan, plus large à sa base, est constitué de trois purées de légumes diJérentes. La base du volcan est sculptée dans une purée à la texture plutôt lisse de la couleur jaune orangé de la patate douce. Elle est recouverte d’une purée plus sombre, orange carotte. Le sommet du volcan et les pourtours de son cratère sont faits d’une purée rouge tomate, d’aspect plus grumeleux. Les coups de cuiller qui ont permis d’ériger le volcan sculptent la purée de couches successives rappelant des coulées de laves épaisses.

Le cratère renferme un liquide blanchâtre comme du beurre fondu qui ruisselle le long des flancs du volcan, jusqu’à noyer sa base dans le creux de l’assiette.

Des petits débris de persil carbonisés projetés par la force de l’éruption flottent à la surface du beurre fondu qui stagne dans l’assiette.

Des volutes de fumée d’un mauve vif montent en panache de l’arrière du cratère à la partie supérieure de l’image. La mise en scène donne l’impression que ces volutes mauves s’échappent du cratère en fusion, ajoutant un aspect spectaculaire à la scène.

Cette photo fait partie de la vingtaine de mise en scène de paysages sur assiettes composée par la photographe et artiste plasticienne française Natasha Lesueur dans le livre Purée Paysage paru en 2006. Dans cet album, l’artiste poursuit un travail photographique sur les aliments et joue avec la nourriture en façonnant par exemple des montages d’épinards enneigées, et autres collines aux teintes et textures variées. Au gré des pages, l’artiste embarque le lecteur dans un voyage de paysages terrestres familiers aux champs multicolores labourés à la fourchette dans la purée de carottes, de betteraves ou de pois cassés, à des contrées aux confins du monde connu regorgeant de planètes hostiles en purée de céleri dont les trous évoquent des impacts de météorites.

La photographie de ce volcan le montre en pleine éruption, après deux autres photos qui mettent progressivement son réveil en scène.

Crédit

Audiodescritpions R comme Regarder

Rédaction : Noé Kieffer – Institut pour la photographie
Direction artistique et supervision : Christelle Brüll – PAF (professionnel·le·s de l’audiodescription francophone asbl.)
Supervision DV : Ibrahim

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