Mario del Curto

Les Clandestins sous le vent de l'Art brut
11.02 – 19.03.2000

Il y a dans le projet de Mario Del Curto une double ambition : faire ressortir la singularité des personnages et faire pressentir les racines de l'art brut. Ce qui ne va pas sans poser de problème.| Rendre perceptibles les mécanismes de la création est en effet, selon l'auteur, presque aussi malaisé en images qu'en mots. Sans compter que, dans le cas de l'art brut, la définition de l’œuvre présente une autre difficulté : l'univers de l'artiste peut se confondre avec l’œuvre. Il en fait même souvent partie. Si Mario Del Curto témoigne un tel intérêt - et une telle admiration - pour cette catégorie de créateurs, c'est parce qu'il est fasciné par leur liberté. Il a toujours été attiré par ce qui échappe à la normalité et est convaincu que la création s'exprime plus librement dans les marges de la société. Elle y apparaît en tout cas plus « pure », c'est-à-dire moins « enculturée » (l'expression est de l'auteur). Le filtre de la pensée ne s'interpose pas entre l'envie de faire et la réalisation du projet. Il n'y a pas non plus de calcul, ni d'intention de devenir riche ou célèbre. Les points de vue les plus autorisés sur l'art brut, ceux de Thévoz ou de Dubuffet, insistent sur le fait qu'il s'agit d'une forme d'expression qui se passe de reconnaissance. Bien qu'on trouve également parmi les artistes de l'art brut des gens qui aiment jouer les stars en public, nous sommes en présence d'un ensemble de pratiques solitaires qui ont besoin de la clandestinité pour s'épanouir.

L'intérêt de Mario Del Curto pour ces artistes remonte à 1983. C'est à la suite d'une visite de la Collection de l'art brut qu'il entreprend le vaste projet qu'il poursuit aujourd'hui encore. Les clandestins. Sous le vent de l'art brut n'est donc pas une rétrospective. L'auteur ne conçoit pas non plus son projet comme une enquête, une étude, mais plutôt comme témoignage ou même un hommage. Il n'est pas forcément à la recherche d'artistes ayant créé une œuvre. Il s'intéresse à des personnalités susceptibles de le faire ou chez qui l'on trouve la trace d'un comportement artistique. Dans tous les cas cependant, il prend garde de ne pas souligner leur côté excentrique, de ne pas montrer des bêtes curieuses. Pour lui, la forme photographique du travail s'est imposée d'elle-même. Tout apparaissait très simple. C'est pourquoi il n'a pas recherché les effets de cadrage ou de perspective.

« Les clandestins. Sous le vent de l'art brut » a été réalisé en collaboration avec la Collection de l'art brut.

Le Musée de l'Elysée est fier de présenter cette exposition internationale qui a déjà été montrée dans des musées à Weimar, Genève, Sydney, Bruxelles et aux États-Unis, en Caroline du Nord.