Le Dernier Cibachrome
Réalisé à partir d’une image de la collection de diapositives The Anonymous Project qui regroupe près d’un million d’images anonymes datant de 1940 à 2000, ce tirage a été produit…
Photo Elysée est fermé jusqu’au 28 mars 2025 pour le montage de nouvelles expositions. Vernissage le 27 mars à 18h – save the date !
Depuis le 7 octobre 2023, les représentations du conflit au Proche-Orient affluent, à l’instar de cette image largement partagée sur les réseaux sociaux. La photographie raconte le monde à travers ses guerres, crises et évolutions sociétales et environnementales. De Gaza, nous connaissons surtout des scènes de destruction, de personnes en larmes ou en fuite : des images de désolation comparables à celles prises à la suite de catastrophes naturelles. Le conflit israélo-palestinien révèle une complexité particulière : comment « faire voir » lorsque l’information est verrouillée ?
Peu de photographes peuvent entrer à Gaza, et celles et ceux qui s’y trouvent peinent à faire circuler leurs images en raison d’une connexion Internet limitée. Elles ou ils doivent non seulement déterminer ce qui est à documenter, mais leurs photographies passent ensuite par plusieurs filtres : les agences de presse sélectionnent les images à envoyer aux médias, qui à leur tour choisissent les clichés à diffuser en fonction de leur orientation politique, leur culture et leur public cible. Par ailleurs, les images peuvent aussi faire l’objet d’un contrôle et d’une censure opérés par les gouvernements et leurs armées. Ainsi, les photographies dites officielles tendent davantage à servir des besoins de communication que d’information.
Pourtant, les images de Gaza abondent, soulevant la question leur provenance. Il est de la responsabilité d’une presse de qualité de vérifier l’origine des clichés, de rédiger avec soin leurs légendes, puis de sélectionner les photographies les plus à même de raconter un conflit particulièrement sensible. Aujourd’hui, cette responsabilité est d’autant plus cruciale que la guerre des images s’est intensifiée avec l’émergence de visuels générés à l’aide de nouvelles technologies numériques. Puisant dans d’innombrables données préexistantes, issues entre autres de photographies de conflits passés ou de l’univers des jeux vidéo et du cinéma, des logiciels utilisant l’intelligence artificielle facilitent et accélèrent la création d’images stéréotypées.
Ce phénomène, amplifié par la diffusion toujours plus rapide de contenus sur les réseaux sociaux, nourrit un climat de doute et de méfiance permanents à l’égard des images. Même si nous savons que les photographies ne reflètent pas toujours fidèlement la réalité, il reste difficile de ne pas les croire. À l’inverse, une image « artificielle », une fois identifiée comme telle, est immédiatement perçue comme une fausse information, perdant ainsi tout son impact. Dans une réalité rendue chaque jour un peu plus spéculative, entre propagande et militantisme politique, l’enjeu reste de trouver des moyens de « faire voir » cette guerre afin d’en dénoncer l’atrocité.
Réalisé à partir d’une image de la collection de diapositives The Anonymous Project qui regroupe près d’un million d’images anonymes datant de 1940 à 2000, ce tirage a été produit…
"Mon désir, c'est vraiment de faire une exposition qui fait du bien et qui fasse rêver." – Maya Rochat