La même année, elle est licenciée d’un studio photo saint-gallois pour avoir posé nue pour un collègue. "On avait naïvement laissé les films suspendus pour qu’ils sèchent", rit-elle. Elle est sans emploi et la route l’appelle: après l’Algérie, elle embarque pour les Amériques avec pour dessein de traverser le continent du nord au sud, sous l'influence de Kerouac. Le voyage débute à Boston, où elle économise pendant deux ans en tant que serveuse et photographe indépendante. Un vent de libération souffle alors sur le pays: "Boston, dans les années 1970, c’était une folie sans nom", se remémore-t-elle, le regard étincelant. Elle évoque des soirées de jazz enfiévrées, rythmées par la trompette de Miles Davis, et sa rencontre avec la militante afro-féministe Angela Davis: "Pour me remercier d’avoir respecté son souhait de ne pas être photographiée, elle m’a finalement donné son accord. Je n’en croyais pas mes yeux."