New York
Capitale de la photographie (1900 – 2000)
Au XXe siècle, la photographie connaît un essor considérable aux Etats-Unis, en particulier à New York qui devient, après Paris, capitale mondiale de l’art. L’exposition rend hommage aux nombreux photographes, américains, européens et immigrés, qui ont su témoigner de l’effervescence de la métropole, souvent célébrée pour son architecture mais montrée cette fois-ci du point de vue de la rue, de la vie quotidienne. La chronologie sera le fil conducteur de cette vaste rétrospective riche en chef d’œuvres.|
Les trois New York (années 1900 à 1920)
Il y a cent ans, New York s’affirme comme une place économique, financière et culturelle de premier plan. On observe trois démarches distinctes chez les photographes. Les premiers effectuent un inventaire des lieux, parfois dans un but commercial (la Byron Company). Les seconds proposent une évocation poétique de la ville perçue comme symbole du progrès technique et source d’inspiration. Il s’agit des célèbres pictorialistes, A.Stieglitz, A.L.Coburn ou K.Struss, qui revendiquent un statut artistique pour la photographie. La troisième catégorie d’auteurs est socialement engagée. Elle a pour figure de proue Lewis Hine qui, par le biais de reportages critiques, dénonce l’exploitation des travailleurs et la misère des immigrés. Son œuvre pose la question – essentielle pour les générations suivantes de photographes – de la relation entre le capitalisme industriel et les valeurs démocratiques de l’Amérique.
Une culture en crise (années 1930)
La crise de 1929 entraîne une période d’inquiétude. Un nouveau style de photographie de rue apparaît grâce aux appareils de petits formats tels que le Leica. Walker Evans, Ben Shahn ou Aaron Siskind s’immiscent au cœur de l’action et saisissent les expressions et les gestes des New Yorkais. À la fois artistes et conscients de leur rôle de documentaristes, ces auteurs développent une perception moderne, dynamique, du citoyen. La création de la Photo League en 1936, leur procure un forum de discussion et d’exposition pour des projets socialement engagés. Les membres de cette ligue, parmi lesquels figurent plusieurs Juifs, défendent alors les idéaux démocratiques et égalitaires.
Une ville populaire (années 1940)
La ville connaît une importante activité photographique avec l’arrivée de nombreux Juifs et d’autres réfugiés européens, et avec l’apparition de structures professionnelles (agences, magazines et lieux d’exposition). L’intensité de la vie nocturne est représentée par Weegee, toujours à l’affût d’un crime ou d’une catastrophe. Dans un style humaniste, spontané et sensible, les membres de la Photo League poursuivent leur approche sociale. L’émigrée autrichienne Lisette Model, par son travail expressionniste, lucide et comique, aura une grande influence sur la photographie new yorkaise.
Un passage obligé (années 1950 à 1960)
La période de la guerre froide se caractérise par une approche plus distanciée de l’espace public, traduisant le doute voire le désarroi. Louis Faurer, Robert Frank et William Klein proposent un type de reportage urbain critique. Avec Bruce Davidson, Garry Winogrand et Diane Arbus, le documentaire social devient plus subjectif, souvent ironique ou dérangeant.
Lumières, couleur, action ! (années 1970 à 1990)
La vie sous haute pression, riche en lumières, couleurs et activités diverses, est représentée par les photographes new yorkais de manière cinétique et sensuelle. Le moindre micro-événement prend une allure insolite et mérite d’être photographié, comme trace d’une intense expérience urbaine.
New York : Capitale de la photographie a été organisée par le Jewish Museum, New York, et conçue par le critique d’art Max Kozloff.