Le miroir de H.G. Wells

Photographie vaudoise au XIXe siècle
30.10.2003 – 25.01.2004

Nous entretenons une relation très particulière aux images du XIXe siècle, parce que le temps qui passe esthétise tout, et parce que ces photographies, maintenant loin de leur contexte, sont vues par le biais de l’imaginaire plus que par celui de la conscience historique. Il y a d’abord la nostalgie, celle des origines, celle de l’identité, celle du passé dont les photographies ne retiennent, généralement, que les aspects positifs. Ce sont des machines triomphantes dans un monde encore dominé par les chevaux et les bateaux, des paysans fiers et dignes dans un espace silencieux et hors d’atteinte. Il y a ensuite le rapport au temps : celui du sujet, relatif, et celui de l’image, fulgurante, qui ne retient du passé qu’une fraction de seconde.|

La photographie a certainement transformé la notion que chaque individu entretient avec le temps qui passe. Le temps est la véritable matière de la photographie. Remonter le temps est l’un des grands fantasmes de la fiction moderne. H.G. Wells l’a merveilleusement révélé en publiant La machine à explorer le temps (1895). Plus récemment, l’écrivain américain Jack Finney a écrit Le voyage de Simon Morley (1993), dans lequel le héros voyage au XIXe siècle grâce à des photographies de New York prises en 1882.

Plus qu’à l’histoire proprement dite, les photographies anciennes sont précieuses à l’imaginaire. Elles permettent à chacun de voyager dans le temps et l’espace, d’esthétiser sa vision du passé. Ces photographies sont liées à une réalité, mais elles restent fondamentalement des apparences. Sans légendes ni commentaires, elles créent leur propre sens, elles sont narration plus que document. C’est cette aura ambiguë de la photographie du XIXe siècle qui, aujourd’hui, fascine tellement. Cette exposition, organisée dans le cadre du bicentenaire du canton de Vaud, est entièrement réalisée à partir des collections du musée, notamment la Collection iconographique.