Aurélie Pétrel – Hexagone 18

30.05 – 23.09.2018
LabElysée

Hexagone18 est le fruit d’une carte blanche accordée à l’artiste et photographe française Aurélie Pétrel. Dans le cadre de ce projet, elle prend possession du LabElysée en y aménageant une structure hexagonale immersive. Véritable laboratoire, Hexagone18 est une installation progressive, en mouvance constante, dont le contenu se densifie au fil des mois.

Les recherches d’Aurélie Pétrel s’ancrent dans la durée et œuvrent à rétablir la lenteur du processus de la création d’images. L’artiste propose en effet une démarche artistique en plusieurs étapes et envisage sa pratique sous le prisme de la partition photographique. Chaque image source peut être rejouée et redistribuée selon le contexte d’exposition, questionnant la temporalité d’apparition de la prise de vue.

Cette station de recherche aura pour but d’analyser un territoire triangulaire – reliant Genève, Cluses et Romme – à partir d’un point de vue particulier, celui de Photo Elysée. Hexagone18 prend pour point de départ une expérience de terrain que l’artiste mène dans une entreprise de décolletage, soit de fabrication de pièces métalliques de précision. Pour réaliser ces images, elle se base sur l’observation de la topographie et de l’économie de la vallée de l’Arve. Ces prises de vue font ressortir deux polarités : l’une s’interroge sur les activités économiques du passé de la vallée, l’horlogerie et les instruments de mesure astronomiques. L’autre s’intéresse au cadre géographique de ces observations en se souciant du relief de la vallée de l’Arve.

Les œuvres exposées dans le LabElysée proposent de suivre l’avancée des opérations et des recherches conceptuelles effectuées par Aurélie Pétrel sur ces différentes prises de vue. L’artiste s’intéresse aussi bien à leur existence propre qu’à leur développement possible. Dans la série Décolletage (2018), les images sont manipulées et modifiées volontairement afin de préserver le secret de la précision des pièces manufacturées. Au fil de l’exposition, ces images sont finalement transformées en prises de donnée, accentuant leur dimension abstraite et les faisant basculer à la limite du visible.

Les supports de nature variée – verre, acier, bois – sont mis en scène de façon brute et ajoutent une dimension immersive et physique aux images documentaires. Les structures visuelles et conceptuelles matériellement superposent reflets, transparences et opacités. Les prises de vue exposées subissent des transformations constantes. Elles apparaissent tronquées, disparue des cimaises, ou en modèle réduit. Aurélie Pétrel déconstruit l’image telle que nous avons l’habitude de la percevoir et notre vision à l’épreuve d’une représentation fragmentée.

Aurélie Pétrel

Aurélie Pétrel est une artiste française, née à Lyon en 1980 et vivant entre Romme, Paris et Genève. Responsable du Pool Photographie de la HEAD - Genève depuis 2012, elle y enseigne notamment dans la filière des Arts Visuels. Sa pratique photographique interroge le statut de l’image, son utilisation ainsi que le mécanisme de sa production. Ancrées dans la durée, ses recherches visent à ramener la prise de vue au centre de la réflexion multisensorielle à l’aide de dispositifs spatiaux.

La démarche d’Aurélie Pétrel porte notamment sur la question de la mutation de l’image. Elle emploie le principe « de prise de vue latente » (première étape de sa démarche), matérialisées par des tirages Baryté de 41,5 x 52 cm. Ils existent pour eux même et comme source d’activation potentielle. En appliquant des procédures de transformations successives à ses prises de vue, ses installations, assimilées à des sculptures, créent des jeux d’illusion et de déplacement de la réalité. Cette démarche vise à appréhender l’image photographique selon plusieurs états physiques, sous forme de variations. Aurélie Pétrel y voit un travail mobile en « partition », lui permettant de redistribuer une installation originelle dans un nouveau contexte d’apparition. L’impression sur des supports de nature variée et le travail effectué sur la matérialité des images font émerger une œuvre en relation avec son environnement : l’architecture de l’image se superpose à celle du lieu qui l’accueille pour générer une nouvelle expérience du regard.

Depuis 2001, les points d’ancrage de sa pratique photographique s’étendent sur six villes : Shanghai, Tokyo, Paris, Leipzig, Montréal et New York. Chaque ville est envisagée comme l’espace d’une impulsion architecturale permettant de pousser les potentiels de l’image en mutation, à partir d’enquêtes de terrain jusqu’aux visions parcellaires de la prise de vue dans l’espace d’exposition. Un septième point s’ajoute : Romme à 130 km de Lausanne, de l’autre côté du lac en direction des Alpes.

Partenaires

Le LabElysée reçoit le généreux soutien de la Fondation BNP Paribas Suisse, de la Loterie Romande, de l’Office fédéral de la culture (OFC) et du Canton de Vaud.