Hommage à Monique Jacot

« Je voulais témoigner. Le militantisme est lié à mon parcours de femme. J’ai toujours été indépendante, autonome, active. Je voulais témoigner sur les conditions de la femme dans le monde du travail. Je me suis toujours considérée comme l’égale des hommes. Mais j’étais également consciente que les femmes étaient confinées dans certains rôles. » - Monique Jacot

Ces mots de la photographe suisse Monique Jacot (1934-2024) résonnent particulièrement alors que les combats féministes traversent notre société. Son œuvre ne peut se résumer en une seule image, mais celle présentée ici témoigne d’une grande actualité. Appartenant à une génération pour qui photographier signifie un engagement humaniste, l’artiste a développé depuis ses débuts un travail photographique empreint d’une sensibilité́ d’autrice. 

Formée à l’École des arts et métiers de Vevey, où elle suit l’enseignement de la photographe Gertrude Fehr, elle décide, à sa sortie en 1956, de proposer ses images à la presse écrite. Le photojournalisme est alors en plein essor. Les photographes sortent de leur studio et partent à la découverte du monde. Monique Jacot publie ses premiers travaux dans La Gazette Littéraire, puis se rend à Zurich où elle développe une relation privilégiée avec la presse alémanique. Par la suite, elle travaille pour des journaux et magazines en Suisse et à l’étranger (Die Woche, Schweizer Illustrierte, DU, Camera, Réalités, Times, Geo, etc.).  

À une époque où la profession de photographe réunit principalement des hommes, elle acquiert rapidement des commandes tout en observant que certains rédacteurs la confinent dans des sujets dits féminins. Elle collabore alors avec des magazines destinés à̀ un lectorat de femmes, comme Annabelle et Femina en Suisse, Vogue et ELLE en France. Dans les années 1960, elle réalise une trilogie consacrée aux jeunes filles qui la mène à Prague, en France et en Angleterre. En 1984, elle entame un travail consacré au quotidien des paysannes suisses, sujet qui paraitra en 1989 dans un livre intitulé Femmes de la terre. Deux autres sujets suivront. Printemps de Femmes (1991-1993), dédié aux mouvements féministes en Suisse, puis Cadences. L’usine au féminin, qui circulera sous forme d’exposition dès 1999. Durant plus de quinze ans, Monique Jacot observe de manière intime et solidaire la condition des femmes en Suisse et montre que la photographie-document conserve toute sa force.  

Plus tard, elle s'éloigne du photojournalisme et réalise seule et sans commande ses grands projets, qu'elle diffuse à travers des publications et des expositions. Monique Jacot a obtenu une place au sein de la photographie suisse par un travail classique en noir et blanc, mais n’a pas craint de poursuivre d’autres directions plastiques avec une photographie de plus en plus abstraite et poétique. Son œuvre témoigne d’une artiste qui a travaillé en toute liberté́. Disparue en août 2024 à la veille de son 90e anniversaire, nous lui rendons hommage. 

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